Un peu d'histoire du CORSAIR

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Corsair F4U-7

L'histoire du Corsair est tellement auréolée de gloire que dans l'esprit de bien des combattants, il est "THE" chasseur américain de la Guerre du Pacifique contre le Japon. Sa silhouette si caractéristique "d'oiseau aux ailes pliées" (Bent Winged Bird) y est sans doute pour beaucoup!

Esthétique, racé, puissant, efficace, il sera de tous les combats depuis Guadalcanal jusqu'à la fin du chasseur à hélice... Plus de 11.000 exemplaires construits, 64.000 missions, 2.140 victoires aériennes sur les appareils japonais, tel est son bilan opérationnel. Bilan bien provisoire d'ailleurs car la Victoire de 1945 sur le Japon ne sera pas pour lui le signal de la retraite puisqu'on le verra ensuite dans les cieux de Corée, et ensuite, avec les Français, ceux d'Indochine et d' Algérie. Il sera le dernier chasseur à moteur à pistons à être produit par les États-Unis.

C'est sur des spécifications émises par l'U.S. Navy en 1938 que le projet de la Vought-Sikorsky Company fût retenu en vertu d'un compromis technique hardi mettant en œuvre la plus petite cellule possible autour du plus gros moteur alors disponible: le XR-2800 Double Wasp, un double étoile de 1.850 ch. développé par Pratt & Whitney.

Le 29 Mai 1940, le prototype X F4U-1 décollait pour la première fois, l'appareil se révélant posséder des performances exceptionnelles. La série (une première tranche de 584 Vought F4U1 bientôt surnommés "Corsairs") fût commandée en Juin 1941. Mais l'appareil de série, malgré une amélioration de performances, différait notablement du prototype pour pouvoir répondre aux exigences spécifiques de la Navy. En outre il avait des points faibles, en particulier une stabilité latérale médiocre aggravée par le puissant couple de renversement du moteur, et une sortie de vrille difficile. Il avait aussi une fâcheuse propension au rebondissement à l'appontage. Si bien que les autorités navales décrétèrent que le Corsair serait utilisé uniquement à partir de bases terrestres par les Marines...

L'appareil continua à s'améliorer en puissance avec un nouvelle version du moteur Pratt & Whitney, le R 2800-8 W à injection de 2.250 ch., mais aussi en emport d'armement et de carburant, nouvelle version produite par la Chance-Vought récemment créé suite à la séparation de Vought et de Sikorsky, ainsi que par deux autres constructeurs (Brewster et Goodyear). Ce n'est qu'en 1944, alors que 4.700 machines avaient déjà été construites et engagées avec un énorme succès sur les bases du Pacifique, que le F4U "Corsair" fut enfin accepté sur porte-avions...

Le plus grand déploiement de Corsair eût lieu à l'occasion de la bataille d'Okinawa entre le 7 et le 30 Avril 1944 où 305 appareils embarqués de la Navy et 192 appareils des Marines basés à terre exécutèrent plus de 600 missions d'appui et se créditèrent de 124 victoires... C'est à cette occasion que le Corsair reçut son surnom le plus prestigieux: "Sweetheart of Okinawa".
Les "as" ne manquèrent pas sur cette machine superbe et le plus célèbre est sans doute le Colonel Gregory M. "Papy" Boyington de l'escadrille VMF-214 dont la vie, romancée, a fait l'objet de la série télévisée américaine "Les Têtes Brûlées", vue aussi en Europe... et rediffusée encore une fois en France en 1997.

Les Corsair français

Les Marines Alliées s'équipèrent aussi en Corsairs au cours de seconde guerre mondiale. La Fleet Air Arm britannique prit livraison de 2012 de ces appareils dans différents types. La Nouvelle Zélande en reçut 425 pour équiper 13 squadrons.

C'est à la demande du Gouvernement français et dans le cadre du M.D.A.P. (Military Defense Assistance Program) que Chance-Vought étudia une nouvelle et ultime version du prestigieux oiseau. Désignée F4U-7, cette version se révélait être un mariage entre le F4U-4 et l'AU-1. Propulsé par un moteur Pratt & Whitney double étoile turbocompressé, 18 cylindres, R 2800-18W de 2.100 ch., hélice 4 pales, diam. 4m, il était armé, comme l'AU-1, de quatre canons de 20 mm et ses multiples points d'attache autorisaient l'emport de 10 roquettes de 127 mm, de deux bombes de 450 kg, de missiles air-sol AS-11, de conteneurs Matra 116G etc... C'est le 2 Juillet 1952 que le prototype X F4U-7 vola pour la première fois. Il fût suivi de 94 F4U-7 de série (79 en 1952 et 15 en 1953). Le dernier sortit le 31 Janvier 1953 et ce sera aussi le dernier Corsair jamais construit, portant le nombre d'appareils produits au total de 12.571, toutes versions confondues.

Les Corsair français participèrent à toutes les opérations hors Métropole auxquelles la France fût mêlée depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ce fut le cas de la dernière période de la guerre d'Indochine où les Corsairs participèrent à de nombreuses missions d'appui tant depuis des bases au sol en Annam et au Tonkin (12F) que des porte-avions Arromanches, Bois Belleau et La Fayette, notamment en ce qui concerna la défense du camp retranché de Dien bien Phu. Puis la guerre d'Algérie où, entre 1960 et 1961, les F4U-7 et les AU-1 des flottilles 12F, 14F, 15F et 17F, opérant depuis Biskra et Télergma, eurent à assurer des missions d'appui-feu et de pilonnage.

Les Corsairs furent engagés pendant la fameuse affaire de Suez déclenchée à la suite de la nationalisation du Canal par le Président égyptien Nasser, le 26 Juillet 1956. Cette opération nommée "Mousquetaire" mettait en œuvre coté français les porte-avions Arromanches (ex-HMS Colossus) et La Fayette (ex-USS Samuel P. Langley, du nom de l'inventeur de la catapulte...) avec à leur bord les flottilles 9F (Grumman TBM Avenger torpilleurs), 14F et 15F (Corsairs F4U-7). Ces unités reçurent l'ordre de couler la flotte égyptienne en rade d'Alexandrie. Les Corsairs se présentèrent à l'attaque deux jours de suite (1er et 2 novembre 1956) mais durent abandonner leur mission par suite de la présence "gênante" de navires de la 6ème Flotte U.S. venus embarquer les ressortissants américains.

De retour en métropole, les Corsairs servirent encore quelque temps, notamment pendant la guerre d'Algérie, en attendant le ré-équipement des diverses flottilles avec du matériel moderne (Chance-Vought F8E-FN et Dassault Étendard IV-M). L'Aéronavale, ne conserva aucun exemplaire de ses prestigieux avions... Toutefois, quelques uns de ces rares F4U-7 français existent toujours, rachetés par des... Américains. C'est le cas du N° 133710 conservé au musée des Marines à Quantico, et c'est peut-être encore le cas du N° 133693 qui volait sous l'immatriculation N693-M...

Aujourd'hui...

Aux U.S.A. évidemment, mais aussi en Europe, notamment en Suisse, des Corsairs de versions antérieures sont maintenus en état de vol par des Amateurs et des Pilotes passionnés. On peut en voir régulièrement dans des rassemblements et des fêtes aériennes données dans les régions de l'Est de la France, au Club d'Habsheim par exemple. On en voit toujours à l'occasion des meetings "Flying Legend". Le rassemblement organisé début Juin 1996 à la Ferté Alais en a montré quelques uns. En 1997, c'est à Strasbourg-Entzheim que le rassemblement "Flying Legend Organisation" a eu lieu les 14 et 15 Juin.

En 1998, il y avait un Corsair sur les Champs Elysées à l'occasion du Centenaire de l'Aéro-club de France parmi d'autres avions de légende qui ...s'envolèrent ensuite vers Pontoise-Cormeil ... pour le Meeting des Cent Ans d'Aviation qui s'y tînt les 19 et 20 septembre...

Addendum : par le capitaine de frégate (H) Ramon JOSA - Ailesaero@aol.com

Un Corsair F4U7 ,ou presque, vole en France depuis le 9 mars 2000 à 16h20 très exactement. C'est appareil, porte la robe de l'aéronautique navale et les couleurs de la Flottille 14F sous le numero 14F-6. Ce Corsair F4U5NL, exposé au musée de Tigre près de Buenos Aires, a fait l'objet d'une adjudication internationale par l'Armada Argentina en novembre 1991, il a été acquis par un groupe de passionnés français.
En 1995, après bien des déceptions et des rebondissements, l'épave, car celà en était une, est arrivée sur l'aérodrome du Castellet, la restauration pouvait commencer. Elle a été conduite pendant cinq ans par Claude Semenadisse et réalisée par une sorte de magicien de la mécanique nommé Didier Rohmer, son travail a commencé par le démontage de l'épave et s'est terminé le 9 mars 2000 jour du premier vol. Cette restauration est l'oeuvre d'un seul homme du décapage à la peinture finale en passant par la mise au point du moteur. Ce Corsair F4U5NL est devenu F4U7 par la suppression du radar de bord d'attaque, l'échange de la couronne moteur par une couronne de F4U7 trouvée au musée de Mobile (Floride) et par la transformation des volutes d'échappement ainsi que celles de la répartition de l'air de refroidissement, afin de les rendre compatibles de la couronne du F4U7.
J'ai eu l'honneur et la responsabilité de faire le premier vol ainsi que les vols d'essais et de mise au point, aujourd'hui les quatre propriétaires, tous pilotes privés ou professionnels, volent sur le F4U7 14F-6. Pour ma part j'ai l'immense plaisir de présenter cet appareil aux différentes manifestations aéronautiques ou il a toujours un superbe succès. En 2002 le Corsair 14F-6 a été présent à 12 manifestations ou meetings nationaux.

Les Corsair et la guerre de Corée

Le 25 Juin 1950 éclatait la guerre de Corée. À 4 heures du matin, l'infanterie nord-coréenne, épaulée par des tanks d'origine soviétique, traversa le 38ème parallèle pour envahir la République de Corée. Le Conseil de Sécurité de l'O.N.U. appela aussitôt toutes les nations membres à s'unir pour repousser l'attaque, c'est ainsi que des hommes de toutes nationalités se trouvèrent engagés dans un dur combat sur le sol coréen. Dans les airs, les principaux participants furent l'USAF, l'US Navy et la RAF. Ce conflit devait voir les premiers combats entre jets, et à cette époque, il restait encore beaucoup à apprendre quant à l'utilisation des moteurs à réaction au mieux de leurs possibilités. Mais c'est un Britannique de la 802ème escadrille du HMS Ocean qui, avec un Hawker "Sea Fury" (moteur à pistons...) abattra le premier MiG-15, le 9 Août 1952.

Le Corsair fut donc mis de nouveau à contribution et plus particulièrement employé dans des missions d'appui. Il constituait une excellente plate-forme de tir et ses capacités d'emport étaient très importantes. C'est au cours de ce conflit qu'apparut la version AU-1 (ex F4U-6) spécialisée dans l'attaque au sol. Armé de quatre canons de 20 mm Hispano M2, l'AU-1 pouvait, en plus, emporter des bombes, des roquettes de 127 mm ou de 298 mm "Tiny Tim" ou du napalm.

Au cours des dix premiers mois du conflit coréen, les Corsairs assurèrent 82% des missions d'appui. Leur rôle diminua par la suite avec l'apparition de nouveaux types de matériels. Toutefois, ils demeurèrent inégalables pour la chasse de nuit jusqu'à l'apparition des "Tigercat" et des "Skynight".

Les opérations aériennes engagées par l' US Navy en Corée lors de ce conflit majeur mirent en jeu onze porte-avions d'attaque: U.S.S. "Valley Forge", "Lake Champlain", "Philippine Sea", "Oriskaky", "Leyte", "Kearsage", "Boxer", "Antietam", "Princeton", "Essex", "Bon homme Richard", trois porte-avions d'escorte : U.S.S. "Sicily", "Bairoko" et "Badoeng Strait", et un porte-avions léger : U.S.S. "Bataan".

La Grande Bretagne avait envoyé les porte-avions HMS "Glory", (sister-ship du "Colossus" acquis par la Marine Nationale en 1946 et rebaptisé "Arromanches") et HMS "Triumph" (qui fut le premier et le seul dans les eaux coréennes dès Juin 1950), "Theseus" et "Ocean" accompagnés de l' Unicorn (atelier et transport d'aviation)

L'Australie avait envoyé le porte-avions H.M.A.S. " Sydney"

La France, sévèrement accrochée en Indochine, n'avait engagé qu'un seul bâtiment dans l'armada de l'ONU de Juillet à Décembre 1950: l'escorteur "La Grandière", un aviso colonial de 2.900 tonnes, qui participa dans la flotte de l'O.N.U. à l'opération décisive décidée par le Général Douglas Mc Arthur à Inchon, puis à Wonsan.

Un Corsair vole à nouveau en France depuis l'an 2000


Présentation lors d'une journée portes-ouvertes sur la BAN de Landivisiau (29 juin 2003).

(par le capitaine de frégate (H) Ramon Josa)

Depuis le 9 mars 2000 à 16h20 très exactement, un Corsair vole à nouveau dans le ciel de France. Cet appareil, porte la robe de l'aéronautique navale et les couleurs de la Flottille 14F sous le numero 14F-6.

Ce Corsair F4U5NL, exposé au musée de Tigre près de Buenos Aires, a fait l'objet d'une adjudication internationale par l'Armada Argentina en novembre 1991, il a été acquis par un groupe de passionnés français.

En 1995, après bien des déceptions et des rebondissements, l'épave, car celà en était une, est arrivée sur l'aérodrome du Castellet, la restauration pouvait commencer. Elle a été conduite pendant cinq ans par Claude Semenadisse et réalisée par une sorte de magicien de la mécanique nommé Didier Rohmer, son travail a commencé par le démontage de l'épave et s'est terminé le 9 mars 2000, jour du premier vol. Cette restauration est l'oeuvre d'un seul homme, du décapage à la peinture finale, en passant par la mise au point du moteur.


Surprenante image du Corsair survolant le porte-avions Charles de Gaulle lors d'une sortie des familles (16 juin 2001)

Publié dans CORSAIR

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