Fiches - Curtiss P-40 (2A)
2 ème partie
LE NOUVEAU MOTEUR ALLISON (P-40D/E/K/M) ET LE FAMEUX MERLIN (P-40F/L)
NOUVEAU MOTEUR, NOUVELLE SILHOUETTE : LE HAWK 87A
Bien avant que les P-40B/C et que les Tomahawk n’affrontassent les redoutables Zero et Messerschmitt Bf 109, le bureau d’études Curtiss travaillait à l’amélioration de son chasseur. Remontons à deux années en arrière : en avril 1940, la société Allison informa Curtiss de la mise au point d’une évolution de son groupe moteur qui prit le nom de Allison V-1710-39 (F3R). Ce nouveau moteur développait 1150 ch, soit seulement 110 ch de plus que son prédécesseur, mais il pouvait conserver cette puissance jusqu’à 3600 mètres. De plus, il était équipé d’un système de surpuissance permettant 1470 ch pour une durée ne devant pas excéder plus de 5 minutes. Extérieurement, ce nouveau moteur différait du précédent par sa boite de réduction qui n’était plus fixée au carter. Cette nouvelle architecture entraînait une diminution de 15 cm de la longueur du moteur ainsi qu’une nouvelle disposition du moyeu de l’hélice situé plus en hauteur. Ces nouvelles caractéristiques conduisirent Donovan Berlin à un remaniement complet de tout le fuselage de son chasseur : la prise d’air du radiateur fut agrandie tandis que celle située sur le nez pour l’alimentation en air du carburateur était allongée. Les deux mitrailleuses de 12,7 de capot furent supprimées, ce qui permit un abaissement du poste de pilotage et un affinement de la partie arrière du fuselage. La visibilité vers l’arrière fut améliorée grâce une concavité plus importante des flancs du fuselage au niveau des vitrages latéraux. En conclusion, cette nouvelle silhouette, plus affinée, permettait une diminution de la traînée aérodynamique, donc un gain de vitesse. Seul point négatif de cette nouvelle conception : une dégradation de la visibilité vers l’avant, surtout au sol, du fait de l’abaissement du poste de pilotage. A noter que, contrairement à ce que l’on voit souvent écrit, la longueur totale du fuselage resta quasiment inchangée avec 9,67 m : la diminution de 15 cm du fuselage engendrée par le moteur fut compensée par une augmentation sensiblement identique de la longueur de la casserole d’hélice. Sur les P-40B/C, cette casserole présentait un diamètre de 70 cm pour une longueur de 63 cm. Sur ce nouveau modèle, ces mesures étaient respectivement de 84 cm et 75 cm. Des mesures précises permettent de constater un allongement de 4 millimètres du fuselage de la version D. La voilure restait inchangée, à ceci près qu’elle recevait quatre mitrailleuses de 12,7 mm à la place des quatre 7,62 mm. Dernier point : les attaches ventrales, déjà prévues pour l’emport d’un réservoir ventral de 197 litres, pouvaient également transporter désormais une bombe de 227 kg (500 lb).
Le projet Curtiss fut présenté en mai 40 sous la nouvelle appellation de Hawk H.87A-1. Aussitôt, Français et Britanniques se montrèrent intéressés. Mais, du fait de la défaite française, seuls les Britanniques furent en mesure de passer commande pour cette nouvelle version : elle porta sur 560 exemplaires et l’appareil prit le nom de Kittyhawk Mk.I. L’Army Air Corps (AAC), également intéressée par ce nouveau modèle, passa une grosse commande un mois plus tard, sous la dénomination de P-40D.
Vingt Kittyhawk Mk.I et 23 P-40D étaient en cours d’achèvement lorsque le 18 février 1941, l’AAC demanda à Curtiss de porter l’armement à six mitrailleuses d’aile de 12,7 mm. Cette modification entraîna un changement de dénomination de l’appareil : il prit le nom de Hawk 87A-2 chez Curtiss et P-40E dans l’AAC. La version E du P-40 fut la première à recevoir officieusement le surnom de "Warhawk".
La production du Hawk 87A-2 débuta en mai 1941 et cette version fut la première à être fabriquée en masse, et le P-40E devint rapidement le chasseur standard de l’US Army Air Force (USAAF), nouvelle appellation de l’USAAC à compter du 20 juin 1941. Au total, 820 P-40E furent construits, 790 furent pris en compte par l’USAAF, les 30 autres étant livrés à l’AVG.
Les 540 exemplaires restants de la commande britannique furent fabriqués sous la dénomination Hawk 87A-3 pour Curtiss, mais gardèrent leur appellation de Kittyhawk Mk.I dans la RAF. Sur cette quantité, les Britanniques en livrèrent 72 au Canada. Quant aux 20 premiers Kittyhawk Mk.I à quatre mitrailleuses, beaucoup furent expédiés à la Turquie.

Ce Kittyhawk Mk.I (à quatre mitrailleuses) fut cédé par la RAF à la Turquie en 1942. Il fut utilisé pour l’entraînement au sein de la 4ème escadrille (Bölük) de la 2ème escadre (Tabur), jusqu’en 1945/1946.
Sur le plan politico-économique, d’importants changements allaient apparaître en ce début d’année 1941. En 1935, les politiciens américains étaient très isolationnistes et suite au conflit italo-éthiopien, ils adoptèrent le "Neutrality Act", qui prévoyait l’interdiction pour tout Américain de vendre des armes à des nations belligérantes. Le 1er septembre 1939, ce texte entra automatiquement en application. Cependant, les USA comprirent rapidement que la défaite des Britanniques pourrait leur être désastreuse, aussi le Président Roosevelt demanda l’amendement de ce texte. Ceci fut chose faite dès le 4 novembre 1939, avec l’adoption par le Sénat de la loi "Cash and Carry". Cette loi prévoyait que tout belligérant pouvait acheter des armes aux USA à condition de les payer comptant et de les transporter par ses propres moyens. L’Allemagne ne pouvait pas profiter de cette clause car, contrairement à la France et à la Grande-Bretagne, elle ne disposait pas de la maîtrise des mers, et notamment de celle de l’Océan Atlantique, pour pouvoir transporter ses achats en toute tranquillité. Au début de 1941, il apparaissait clairement que la guerre allait encore durer longtemps. La Grande-Bretagne voyait ses réserves monétaires diminuer, aussi fallait-il trouver une nouvelle solution pour lui permettre de continuer à s’approvisionner en armes. A cet effet, le Sénat américain vota un nouveau texte le 11 mars 1941 : la loi "Lend-Lease" (prêt-bail). Cette loi autorisait le Président des États-Unis à "vendre, céder, échanger, louer, ou doter par d'autres moyens" tout matériel de défense à tout gouvernement "dont le Président estime la défense vitale à la défense des Etats-Unis." Au cours de la 2ème Guerre Mondiale, cette aide, qui portait également sur les denrées alimentaires, le carburant et les matières premières s’éleva à 44 milliards de dollars. Les principaux bénéficiaires furent la Grande-Bretagne et l’URSS. En ce qui concerne l’aide aéronautique, les avions livrés au titre du Lend-Lease devaient d’abord recevoir un serial USAAF avant d’être expédiés vers le pays bénéficiaire.
Curtiss fut, avec Bell, l’avionneur le plus sollicité dans le cadre de cette loi. Le premier modèle dédié à ce programme prit la dénomination de Hawk 87A-4 chez Curtiss, P-40E-1 pour l’Army Air Force et de Kittyhawk Mk.IA pour la RAF. Il différait de la version précédente par des points d’ancrage supplémentaires sous les ailes. Au total, 1500 P-40E-1 furent fabriqués. Ils furent tous livrés à la Grande-Bretagne qui en céda 238 aux pays du Commonwealth (12 au Canada, 164 à l’Australie et 62 à la Nouvelle Zélande). A partir de 1942, le Kittyhawk Mk.IA commença à être retiré des premières lignes : 17 furent livrés à la Turquie, environ 130 partirent pour Mourmansk et une cinquantaine pour la Chine. De nombreux exemplaires furent également retournés aux Etats-Unis où ils servirent dans les écoles comme appareils d’instruction.
Bien que moins redoutable que ses adversaires de chez Messerschmitt, Mitsubishi ou Focke Wulf, le P40E affichait une nette amélioration par rapport à ses prédécesseurs. Sa vitesse maximale en palier était d’environ 570 km/h, et il pouvait dépasser 750 km/h en piqué. Il disposait maintenant d’une bonne puissance de feu et son blindage était robuste. En outre, sa capacité à emporter des bombes offrait un nouvel éventail de missions. Par contre, il était toujours affecté par certains défauts : sa médiocre stabilité directionnelle à basse vitesse, qui rendait difficile le décollage et l’atterrissage, ainsi que l’insuffisance de ses performances au-delà de 4600 mètres.

Ce Kittyhawk Mk.I (6 mit), surnommé "London Pride", était piloté par le F/Sgt. H.G. Burney du "Shark" Sqdn 112, de la Desert Air Force. Il était basé à Gambut en Lybie, et sera perdu le 30 mai 1942 près de Bir-Hakeim.
Les premiers Kittyhawk Mk.I/IA arrivèrent en Afrique du Nord, et au Moyen-Orient, en décembre 1941, où ils renforcèrent les vieux Tomahawk du Squadron 112. Les Kittyhawk suivants furent affectés, pendant les quatre premiers mois de 1942, aux Squadrons 94, 250 et 260, ainsi qu'aux Squadrons 5 et 7 de la SAAF et au Squadron 3 de la RAAF. Ils furent surtout engagés comme chasseurs-bombardiers, où ils firent preuve d’excellentes dispositions lors d’attaque au sol.
C’est en Egypte, au sein du Squadron 250, puis à la tête du Squadron 112, le "Shark Squadron", que vola l’As N°1 sur P-40 : l’Australien Clive "Killer" Caldwell. Il affronta les dangereux Messerschmitt Bf 109F de la Jagdgeschwader 27, et en descendit dix, dont deux pilotés par des As allemands (le Leutnant Werner Schroer, 114 victoires et l’Hauptmann Erbo Graf von Kageneck, 69 victoires). Du fait de son habitude, lors des retours de missions, consistant à vider ses munitions sur les véhicules allemands ou italiens qu’il pouvait repérer, ses camarades le surnommèrent "Killer". Cependant, il n’appréciait pas ce qualificatif. Au total, en 300 missions, il remporta 28,5 victoires, dont 22 à bord de son Kittyhawk. Après avoir brillamment servi en Afrique du Nord, le Wing Commander Caldwell prit le commandement du 1st Fighter Wing de la RAAF à Darwin, équipé de Spitfire Mk.V. Il fut décoré de la DSO (Distinguished Service Order), DFC and bar (Distinguished Flying Cross) et de la Polish Cross of Valour.

Ce Kittyhawk Mk.I (6 mit) était l’avion personnel du Wing Commander Clive Killer Caldwell, commandant su "Shark" Sqdn 112, de la Desert Air Force.
Au moment même de l’attaque sur Pearl Harbor (mais en fait le 8 décembre, car de l’autre côté de la ligne de changement de date), aux Philippines, le Japon attaqua les forces américaines avec une importante supériorité numérique. La dotation du 24th PG était de 31 P-40B et de 74 P-40E, soit 105 P-40 répartis sur les terrains de Clark Field et de Nichols Field. Mis en alerte, le 24th PG effectua des patrouilles régulières, mais vers 11 h 30, alors que ses appareils ravitaillaient, les bombardiers nippons surgirent et détruisirent un grand nombre de chasseurs américains au sol. Les P-40 survivants opposèrent une résistance opiniâtre à l’envahisseur, mais faute de renforts suffisants, le nombre d’avions disponibles diminua sans cesse.

Le fameux "Kibosh" du capitaine Ed Dyess. Ce P-40E fut le dernier défenseur des Philippines. Le 2 mars 42, il alla bombarder des navires japonais près de Olangapo avec des projectiles de 227 kg. Les autocollants bleus servent à masquer les impacts de balles.
Les pilotes américains apprirent à connaître leurs adversaires et à mettre au point des techniques de combat pour contrer l’agilité des Zero. C’est ainsi que le lieutenant Boyd Wagner du 17th PS inventa une méthode pour le moins originale : alors qu’il était poursuivi en piqué par deux Zero, il coupa brutalement les gaz, son avion ralentit brutalement et les deux Japonais, surpris, le dépassèrent aussitôt. Wagner remit les gaz, rattrapa les Zero et les abattit l’un après l’autre. Le lieutenant Wagner réitéra sa méthode et devint ainsi le premier as des Philippines. Les derniers P-40 opposèrent une résistance héroïque : au début mars 1942, il n’y avait plus qu’un seul P-40 pour défendre les Philippines, le fameux "Kibosh" du capitaine Ed Dyess. Le 5, un deuxième P-40 fut reconstruit à partir de plusieurs épaves. Le 27, un petit cargo réussit à livrer trois P-40 tout neufs en caisse. Ces cinq appareils remplirent de nombreuses missions jusqu’à la chute de Bataan, le 9 avril 1942. Ils effectuèrent encore quelques missions à caractère retardateur, mais durent être détruits le 6 mai devant l’avancée des troupes nippones. Deux ou trois P-40E furent capturés par les Japonais au cours de l’invasion des Philippines. Après avoir été probablement remis en état, ils furent convoyés au Japon pour y être expérimentés et exposés au public.

Ce P-40E fut capturé par les Japonais dans les Philippines, au début de 1942. Il fut envoyé à Tokyo où il fut exposé au public. En mars 1943, il fut affecté au 2ème Hiko Chutai, 50ème Hiko Sentai et effectua des missions militaires.
Les P-40E de l’Army Air Force équipèrent tous les points chauds du Pacifique : ils renforcèrent les Pursuit Squadrons de Midway et ceux des îles Hawaï. Malgré un climat extrêmement dur, ils brillèrent lors de la défense des îles Aléoutiennes avec les Canadiens du Squadron 14 (RCAF) et aux mains des pilotes du 11th FS dont les machines étaient décorées de têtes de tigres jaunes et noires.

Ce P-40 était l’avion personnel du Colonel John "Jack" Chennault, fils du Général Claire Chennault, patron de l’AVG. John "Jack" Chennault commandait le 11th FS, 343rd FG, basé dans les Aléoutiennes en 1942. Ces avions à la tête de tigre furent surnommés les "Aleutian Tigers".
Conjointement avec les Kittyhawk australiens de la RAAF, les P-40E américains du 49th FG assurèrent la défense de Darwin au début de 1942. Malgré de très lourdes pertes, ils réussirent à contenir les raids des bombardiers japonais et empêchèrent ainsi la destruction des industries du nord du pays. La situation tourna progressivement à l’avantage des alliés après la victoire aéronavale en Mer de Corail, en mai 1942. Ensuite, au début de 1943, les Curtiss furent renforcés par des Spitfire Mk.V.

Ce Kittyhawk Mk.I (6 mit) australien était piloté par le Squadron Leader Richard Cresswell du 77 Sqdn. Il était basé en Nouvelle Guinée en 1942. L’emblème sur le nez représente les drapeaux des USA, de la Grande-Bretagne, de l’Australie et de la RAF.
LE NOUVEAU MOTEUR ALLISON (P-40D/E/K/M) ET LE FAMEUX MERLIN (P-40F/L)
NOUVEAU MOTEUR, NOUVELLE SILHOUETTE : LE HAWK 87A
Bien avant que les P-40B/C et que les Tomahawk n’affrontassent les redoutables Zero et Messerschmitt Bf 109, le bureau d’études Curtiss travaillait à l’amélioration de son chasseur. Remontons à deux années en arrière : en avril 1940, la société Allison informa Curtiss de la mise au point d’une évolution de son groupe moteur qui prit le nom de Allison V-1710-39 (F3R). Ce nouveau moteur développait 1150 ch, soit seulement 110 ch de plus que son prédécesseur, mais il pouvait conserver cette puissance jusqu’à 3600 mètres. De plus, il était équipé d’un système de surpuissance permettant 1470 ch pour une durée ne devant pas excéder plus de 5 minutes. Extérieurement, ce nouveau moteur différait du précédent par sa boite de réduction qui n’était plus fixée au carter. Cette nouvelle architecture entraînait une diminution de 15 cm de la longueur du moteur ainsi qu’une nouvelle disposition du moyeu de l’hélice situé plus en hauteur. Ces nouvelles caractéristiques conduisirent Donovan Berlin à un remaniement complet de tout le fuselage de son chasseur : la prise d’air du radiateur fut agrandie tandis que celle située sur le nez pour l’alimentation en air du carburateur était allongée. Les deux mitrailleuses de 12,7 de capot furent supprimées, ce qui permit un abaissement du poste de pilotage et un affinement de la partie arrière du fuselage. La visibilité vers l’arrière fut améliorée grâce une concavité plus importante des flancs du fuselage au niveau des vitrages latéraux. En conclusion, cette nouvelle silhouette, plus affinée, permettait une diminution de la traînée aérodynamique, donc un gain de vitesse. Seul point négatif de cette nouvelle conception : une dégradation de la visibilité vers l’avant, surtout au sol, du fait de l’abaissement du poste de pilotage. A noter que, contrairement à ce que l’on voit souvent écrit, la longueur totale du fuselage resta quasiment inchangée avec 9,67 m : la diminution de 15 cm du fuselage engendrée par le moteur fut compensée par une augmentation sensiblement identique de la longueur de la casserole d’hélice. Sur les P-40B/C, cette casserole présentait un diamètre de 70 cm pour une longueur de 63 cm. Sur ce nouveau modèle, ces mesures étaient respectivement de 84 cm et 75 cm. Des mesures précises permettent de constater un allongement de 4 millimètres du fuselage de la version D. La voilure restait inchangée, à ceci près qu’elle recevait quatre mitrailleuses de 12,7 mm à la place des quatre 7,62 mm. Dernier point : les attaches ventrales, déjà prévues pour l’emport d’un réservoir ventral de 197 litres, pouvaient également transporter désormais une bombe de 227 kg (500 lb).
Le projet Curtiss fut présenté en mai 40 sous la nouvelle appellation de Hawk H.87A-1. Aussitôt, Français et Britanniques se montrèrent intéressés. Mais, du fait de la défaite française, seuls les Britanniques furent en mesure de passer commande pour cette nouvelle version : elle porta sur 560 exemplaires et l’appareil prit le nom de Kittyhawk Mk.I. L’Army Air Corps (AAC), également intéressée par ce nouveau modèle, passa une grosse commande un mois plus tard, sous la dénomination de P-40D.
Vingt Kittyhawk Mk.I et 23 P-40D étaient en cours d’achèvement lorsque le 18 février 1941, l’AAC demanda à Curtiss de porter l’armement à six mitrailleuses d’aile de 12,7 mm. Cette modification entraîna un changement de dénomination de l’appareil : il prit le nom de Hawk 87A-2 chez Curtiss et P-40E dans l’AAC. La version E du P-40 fut la première à recevoir officieusement le surnom de "Warhawk".
La production du Hawk 87A-2 débuta en mai 1941 et cette version fut la première à être fabriquée en masse, et le P-40E devint rapidement le chasseur standard de l’US Army Air Force (USAAF), nouvelle appellation de l’USAAC à compter du 20 juin 1941. Au total, 820 P-40E furent construits, 790 furent pris en compte par l’USAAF, les 30 autres étant livrés à l’AVG.
Les 540 exemplaires restants de la commande britannique furent fabriqués sous la dénomination Hawk 87A-3 pour Curtiss, mais gardèrent leur appellation de Kittyhawk Mk.I dans la RAF. Sur cette quantité, les Britanniques en livrèrent 72 au Canada. Quant aux 20 premiers Kittyhawk Mk.I à quatre mitrailleuses, beaucoup furent expédiés à la Turquie.

Ce Kittyhawk Mk.I (à quatre mitrailleuses) fut cédé par la RAF à la Turquie en 1942. Il fut utilisé pour l’entraînement au sein de la 4ème escadrille (Bölük) de la 2ème escadre (Tabur), jusqu’en 1945/1946.
Sur le plan politico-économique, d’importants changements allaient apparaître en ce début d’année 1941. En 1935, les politiciens américains étaient très isolationnistes et suite au conflit italo-éthiopien, ils adoptèrent le "Neutrality Act", qui prévoyait l’interdiction pour tout Américain de vendre des armes à des nations belligérantes. Le 1er septembre 1939, ce texte entra automatiquement en application. Cependant, les USA comprirent rapidement que la défaite des Britanniques pourrait leur être désastreuse, aussi le Président Roosevelt demanda l’amendement de ce texte. Ceci fut chose faite dès le 4 novembre 1939, avec l’adoption par le Sénat de la loi "Cash and Carry". Cette loi prévoyait que tout belligérant pouvait acheter des armes aux USA à condition de les payer comptant et de les transporter par ses propres moyens. L’Allemagne ne pouvait pas profiter de cette clause car, contrairement à la France et à la Grande-Bretagne, elle ne disposait pas de la maîtrise des mers, et notamment de celle de l’Océan Atlantique, pour pouvoir transporter ses achats en toute tranquillité. Au début de 1941, il apparaissait clairement que la guerre allait encore durer longtemps. La Grande-Bretagne voyait ses réserves monétaires diminuer, aussi fallait-il trouver une nouvelle solution pour lui permettre de continuer à s’approvisionner en armes. A cet effet, le Sénat américain vota un nouveau texte le 11 mars 1941 : la loi "Lend-Lease" (prêt-bail). Cette loi autorisait le Président des États-Unis à "vendre, céder, échanger, louer, ou doter par d'autres moyens" tout matériel de défense à tout gouvernement "dont le Président estime la défense vitale à la défense des Etats-Unis." Au cours de la 2ème Guerre Mondiale, cette aide, qui portait également sur les denrées alimentaires, le carburant et les matières premières s’éleva à 44 milliards de dollars. Les principaux bénéficiaires furent la Grande-Bretagne et l’URSS. En ce qui concerne l’aide aéronautique, les avions livrés au titre du Lend-Lease devaient d’abord recevoir un serial USAAF avant d’être expédiés vers le pays bénéficiaire.
Curtiss fut, avec Bell, l’avionneur le plus sollicité dans le cadre de cette loi. Le premier modèle dédié à ce programme prit la dénomination de Hawk 87A-4 chez Curtiss, P-40E-1 pour l’Army Air Force et de Kittyhawk Mk.IA pour la RAF. Il différait de la version précédente par des points d’ancrage supplémentaires sous les ailes. Au total, 1500 P-40E-1 furent fabriqués. Ils furent tous livrés à la Grande-Bretagne qui en céda 238 aux pays du Commonwealth (12 au Canada, 164 à l’Australie et 62 à la Nouvelle Zélande). A partir de 1942, le Kittyhawk Mk.IA commença à être retiré des premières lignes : 17 furent livrés à la Turquie, environ 130 partirent pour Mourmansk et une cinquantaine pour la Chine. De nombreux exemplaires furent également retournés aux Etats-Unis où ils servirent dans les écoles comme appareils d’instruction.
Bien que moins redoutable que ses adversaires de chez Messerschmitt, Mitsubishi ou Focke Wulf, le P40E affichait une nette amélioration par rapport à ses prédécesseurs. Sa vitesse maximale en palier était d’environ 570 km/h, et il pouvait dépasser 750 km/h en piqué. Il disposait maintenant d’une bonne puissance de feu et son blindage était robuste. En outre, sa capacité à emporter des bombes offrait un nouvel éventail de missions. Par contre, il était toujours affecté par certains défauts : sa médiocre stabilité directionnelle à basse vitesse, qui rendait difficile le décollage et l’atterrissage, ainsi que l’insuffisance de ses performances au-delà de 4600 mètres.

Ce Kittyhawk Mk.I (6 mit), surnommé "London Pride", était piloté par le F/Sgt. H.G. Burney du "Shark" Sqdn 112, de la Desert Air Force. Il était basé à Gambut en Lybie, et sera perdu le 30 mai 1942 près de Bir-Hakeim.
Les premiers Kittyhawk Mk.I/IA arrivèrent en Afrique du Nord, et au Moyen-Orient, en décembre 1941, où ils renforcèrent les vieux Tomahawk du Squadron 112. Les Kittyhawk suivants furent affectés, pendant les quatre premiers mois de 1942, aux Squadrons 94, 250 et 260, ainsi qu'aux Squadrons 5 et 7 de la SAAF et au Squadron 3 de la RAAF. Ils furent surtout engagés comme chasseurs-bombardiers, où ils firent preuve d’excellentes dispositions lors d’attaque au sol.
C’est en Egypte, au sein du Squadron 250, puis à la tête du Squadron 112, le "Shark Squadron", que vola l’As N°1 sur P-40 : l’Australien Clive "Killer" Caldwell. Il affronta les dangereux Messerschmitt Bf 109F de la Jagdgeschwader 27, et en descendit dix, dont deux pilotés par des As allemands (le Leutnant Werner Schroer, 114 victoires et l’Hauptmann Erbo Graf von Kageneck, 69 victoires). Du fait de son habitude, lors des retours de missions, consistant à vider ses munitions sur les véhicules allemands ou italiens qu’il pouvait repérer, ses camarades le surnommèrent "Killer". Cependant, il n’appréciait pas ce qualificatif. Au total, en 300 missions, il remporta 28,5 victoires, dont 22 à bord de son Kittyhawk. Après avoir brillamment servi en Afrique du Nord, le Wing Commander Caldwell prit le commandement du 1st Fighter Wing de la RAAF à Darwin, équipé de Spitfire Mk.V. Il fut décoré de la DSO (Distinguished Service Order), DFC and bar (Distinguished Flying Cross) et de la Polish Cross of Valour.

Ce Kittyhawk Mk.I (6 mit) était l’avion personnel du Wing Commander Clive Killer Caldwell, commandant su "Shark" Sqdn 112, de la Desert Air Force.
Au moment même de l’attaque sur Pearl Harbor (mais en fait le 8 décembre, car de l’autre côté de la ligne de changement de date), aux Philippines, le Japon attaqua les forces américaines avec une importante supériorité numérique. La dotation du 24th PG était de 31 P-40B et de 74 P-40E, soit 105 P-40 répartis sur les terrains de Clark Field et de Nichols Field. Mis en alerte, le 24th PG effectua des patrouilles régulières, mais vers 11 h 30, alors que ses appareils ravitaillaient, les bombardiers nippons surgirent et détruisirent un grand nombre de chasseurs américains au sol. Les P-40 survivants opposèrent une résistance opiniâtre à l’envahisseur, mais faute de renforts suffisants, le nombre d’avions disponibles diminua sans cesse.

Le fameux "Kibosh" du capitaine Ed Dyess. Ce P-40E fut le dernier défenseur des Philippines. Le 2 mars 42, il alla bombarder des navires japonais près de Olangapo avec des projectiles de 227 kg. Les autocollants bleus servent à masquer les impacts de balles.
Les pilotes américains apprirent à connaître leurs adversaires et à mettre au point des techniques de combat pour contrer l’agilité des Zero. C’est ainsi que le lieutenant Boyd Wagner du 17th PS inventa une méthode pour le moins originale : alors qu’il était poursuivi en piqué par deux Zero, il coupa brutalement les gaz, son avion ralentit brutalement et les deux Japonais, surpris, le dépassèrent aussitôt. Wagner remit les gaz, rattrapa les Zero et les abattit l’un après l’autre. Le lieutenant Wagner réitéra sa méthode et devint ainsi le premier as des Philippines. Les derniers P-40 opposèrent une résistance héroïque : au début mars 1942, il n’y avait plus qu’un seul P-40 pour défendre les Philippines, le fameux "Kibosh" du capitaine Ed Dyess. Le 5, un deuxième P-40 fut reconstruit à partir de plusieurs épaves. Le 27, un petit cargo réussit à livrer trois P-40 tout neufs en caisse. Ces cinq appareils remplirent de nombreuses missions jusqu’à la chute de Bataan, le 9 avril 1942. Ils effectuèrent encore quelques missions à caractère retardateur, mais durent être détruits le 6 mai devant l’avancée des troupes nippones. Deux ou trois P-40E furent capturés par les Japonais au cours de l’invasion des Philippines. Après avoir été probablement remis en état, ils furent convoyés au Japon pour y être expérimentés et exposés au public.

Ce P-40E fut capturé par les Japonais dans les Philippines, au début de 1942. Il fut envoyé à Tokyo où il fut exposé au public. En mars 1943, il fut affecté au 2ème Hiko Chutai, 50ème Hiko Sentai et effectua des missions militaires.
Les P-40E de l’Army Air Force équipèrent tous les points chauds du Pacifique : ils renforcèrent les Pursuit Squadrons de Midway et ceux des îles Hawaï. Malgré un climat extrêmement dur, ils brillèrent lors de la défense des îles Aléoutiennes avec les Canadiens du Squadron 14 (RCAF) et aux mains des pilotes du 11th FS dont les machines étaient décorées de têtes de tigres jaunes et noires.

Ce P-40 était l’avion personnel du Colonel John "Jack" Chennault, fils du Général Claire Chennault, patron de l’AVG. John "Jack" Chennault commandait le 11th FS, 343rd FG, basé dans les Aléoutiennes en 1942. Ces avions à la tête de tigre furent surnommés les "Aleutian Tigers".
Conjointement avec les Kittyhawk australiens de la RAAF, les P-40E américains du 49th FG assurèrent la défense de Darwin au début de 1942. Malgré de très lourdes pertes, ils réussirent à contenir les raids des bombardiers japonais et empêchèrent ainsi la destruction des industries du nord du pays. La situation tourna progressivement à l’avantage des alliés après la victoire aéronavale en Mer de Corail, en mai 1942. Ensuite, au début de 1943, les Curtiss furent renforcés par des Spitfire Mk.V.

Ce Kittyhawk Mk.I (6 mit) australien était piloté par le Squadron Leader Richard Cresswell du 77 Sqdn. Il était basé en Nouvelle Guinée en 1942. L’emblème sur le nez représente les drapeaux des USA, de la Grande-Bretagne, de l’Australie et de la RAF.